Avec le vieillissement de la population en Europe, un des problèmes clés faisant partie des objectifs Européens à court et à moyen terme consiste à développer des services et des technologies qui d'une part permettent de faciliter l'aide aux personnes âgées à leur domicile et d'autre part viennent en aide aux équipes médicales pour l'étude des phénomènes de vieillissement et des démences afin d'élaborer des traitements thérapeutiques adéquats retardant les phénomènes cités.
Le but du projet est de développer un système et une méthodologie permettant aux médecins (experts dans le traitement de la démence) de capturer et d'analyser les scènes de la vie quotidienne d'un patient atteint de la maladie d'Alzheimer par exemple. L'originalité réside dans l'utilisation de la capture vidéo par une caméra embarquée sur le patient. Une interface de navigation dans les données indexées permettra de visualiser les flux enregistrés au domicile des patients de façon thématique.
Le projet prendra la suite d'un projet exploratoire de court terme « Monitoring Vidéo Embarqué » 2007 - 2008 financé dans le cadre d'un appel PEPS du département S2TI du CNRS, qui a permis d'en définir les contours. Le projet a bénéficié des échanges dans le cadre du réseau européen COST 292 avec l'équipe du projet SenseCam, Université de Dublin.

La visualisation de zones d'activité quotidienne (listées au préalable par les médecins) permettra ainsi une évaluation objective des difficultés dans les activités instrumentales de la vie quotidienne (faire la cuisine, utiliser le téléphone, aller aux toilettes, mettre la table, etc.) sera utile au diagnostic de démence en cas de doute sur les performances du sujet, à l'évaluation objective des incapacités et du désavantage social du sujet, à la mise en place de technique de rééducation (notamment par remédiation) et à l'évaluation de l'efficacité de thérapeutique.
Ceci s'inscrit dans la démarche menée au sein de l'UMR 897 INSERM qui vise à montrer comment les difficultés fonctionnelles dans l'accomplissement des activités instrumentales de la vie quotidienne constituent des critères importants de diagnostic, de pronostic et l'évaluation. Celles-ci peuvent en effet apparaître jusqu'à 10 ans avant l'établissement d'un diagnostic clinique de la maladie basé sur les méthodologies cognitives de référence [DSM-III] [McKhann 84] [Hachinski 94]. Ceci a été mis en évidence par plusieurs études, dont la récente étude PAQUID menée par l'ISPED, unique au niveau des proportions de l'étude en nombre de sujets (3777 personnes) et durée (15 ans) [Peres 2008] [Helmer 06].
Potentiellement, c'est l'ensemble des consultations mémoire sur le territoire national qui pourrait être intéressé par ce type de technique (400 environ), mais aussi, si le système s'avère performant, le même type de structure dans tous les pays du monde. Une meilleure évaluation de la dépendance des personnes âgés pourrait conduire à favoriser le maintien à domicile des personnes âgées, à améliorer la qualité de la vie des patients et de leur entourage, à reculer l'échéance de l'entrée en institution, voire de l'éviter. Les coûts directs et indirects de la maladie actuellement estimés à dix milliards d'euros par an pour notre pays pourraient ainsi être réduits.
Ces perspectives sont confortées par le soutien de l'association de patients France Alzheimer Gironde.